Entrevue avec Romain Crouton
Jeune Ambassadeur francophone de France-Canada
Attraction et découverte : deux traits qui forment une aventure ! Celle des JAF, les Jeunes ambassadeurs francophones. Un programme auquel contribue France-Canada. Jeune Français vivant à Montréal, Romain Crouton est aujourd'hui reconnaissant envers l'association France-Canada qui l'a aidé à devenir JAF. Il souhaite partager son expérience et susciter des collaborations autour de la francophonie. Découvrez son témoignage !
« Le cœur de ce programme est la rencontre et l’échange à travers la langue française »
Vous êtes depuis maintenant presque un an au sein du programme des Jeunes Ambassadeurs francophones. Qu'est-ce qui vous a d'abord attiré vers ce programme ? Comment l’avez-vous découvert ?
Naviguant dans le cercle des francophonistes (acteurs agissant pour la/les francophonies), j’ai très vite entendu parler de ce programme de Jeunes Ambassadeurs. Puis, lorsque Benjamin Boutin est venu au Québec durant le mois de la Francophonie 2023, avant de se diriger vers la Louisiane pour rencontrer plusieurs organismes et activistes francophones, il m’a proposé d’intégrer ce programme en concertation avec le Sénateur de Charente maritime et président de l'association France-Canada, Mickaël Vallet.
J’ai accepté de rejoindre l’aventure pour plusieurs raisons. Je revenais d’un terrain de recherche en Bulgarie de 6 mois pendant lequel j’avais travaillé sur la langue française dans ce pays et plus largement dans la région d’Europe centrale et orientale. Je suis « tombé en amour » de tous ces gens qui font vivre la francophonie balkanique, bulgare, roumaine, etc. Des jeunes, des moins jeunes, issus de familles traditionnellement francophones qui s’investissent pour faire perdurer l’aventure du français dans la région, grâce notamment aux écoles, aux « gymnases » - lycées bilingues.
Justement, lors de mes « péripéties », j’ai échangé avec de nombreux élèves et étudiants francophones sur leurs motivations à poursuivre leur vie aussi en français. Nous discutions de voyages, de culture et je leur racontais ma vie au Québec, et eux, leur vie en Bulgarie. Ce dialogue enrichissant en français est un bel exemple des possibilités qu’offre une langue en partage pour favoriser l’interculturalité ! Quelques mois plus tard, lorsque Benjamin Boutin est venu me proposer d’intégrer ce mouvement des Jeunes Ambassadeurs francophones et d'être mon parrain, j’ai été honoré et j'ai repensé à ces jeunes bulgares francophones. Ce programme était de fait l’occasion d’entretenir ce dialogue francophone interculturel à l’échelle de plusieurs pays, une chance de créer des liens avec des jeunes francophones d’Asie, d'Afrique, des Amériques ou encore d’Europe et de découvrir leurs réalités, leurs francophonies, en complément de mon engagement au sein de l’équipe du Québec de Francophonie sans frontières.
D’ailleurs, à l’échelle québécoise (celle que je connais davantage), j’avais envie de promouvoir autrement la vie culturelle en français. La partager avec des jeunes francophones européens, belges, français, suisses, et même bulgares, avec des jeunes francophones venus d’Afrique, Sénégalais, Ivoiriens, parce que c’est le cœur de ce programme : la rencontre et l’échange à travers la langue française.
En tant que Jeune Ambassadeur francophone de France-Canada, quelles sont vos motivations pour faire partie du programme ?
Je dirais que c’est un amour, une volonté, une aspiration pour « les francophonies ». Pour devenir un Jeune Ambassadeur francophone, il faut être dévoué. Comme tout cause passionnante et passionnelle, c’est un investissement, il faut y consacrer du temps et surtout être autonome. Être JAF, c’est ce qu’on en fait.
Quels sont les avantages et les opportunités offerts par le programme des JAF ?
Intégrer ce programme m’a offert l'opportunité de créer des liens avec d'autres jeunes intéressés par la F/francophonie et de découvrir la diversité des cultures francophones. Mais également, de prendre conscience de la place que prend progressivement la francophonie dans de nombreuses institutions portées par des personnes engagées. Les JAF sont aussi des relais de la F/francophonie au bénéfice des jeunes.
Lors de nos réunions des JAF, j’ai eu la chance de discuter avec plusieurs JAF et d’évoquer des projets communs et des perspectives d’activités.
Quelles sont les activités ou les projets auxquels vous avez participé en tant que Jeune Ambassadeur francophone ?
En tant que Jeune Ambassadeur, j’ai participé à diverses activités telles que des conférences sur la francophonie à Montréal. Puisqu’être un Jeune Ambassadeur Francophone, « c’est ce que l’on en fait », j’ai également rencontré des francophones engagés au sein de la société civile québécoise, bulgare, roumaine, marocaine, pour apprendre, connaître leurs réalités et leurs préoccupations.
J’ai aussi organisé plusieurs rencontres avec des responsables politiques et académiques sur la diversité culturelle et la découvrabilité des contenus francophones en ligne, notamment lors de conférences universitaires au Centre de Thracologie et des Études Balkaniques à Sofia et à l’Institut français de Bulgarie. J’ai ainsi eu l’opportunité de présenter la francophonie des Amériques ainsi que l’histoire de la langue française dans la région d’Europe centrale et orientale. Ces conférences donnent la possibilité de bâtir des ponts entre les francophonies, notamment entre le continent américain et le continent européen et spécifiquement avec la région d’Europe centrale et orientale qui m’intéresse.
Les JAF c’est une aventure de partage et d’écoute pour construire ensemble, en lien avec nos associations.
Par Emma Benoudiz
C’est une aventure qui nous amène à développer nos aptitudes d’interculturalité, de leadership et d’organisation pour faire émerger des synergies entre différents organismes francophones.
Rencontre avec le professeur Destiny Tcheouhali, titulaire de la Chaire Unesco en Communication et technologies pour le développement, à l'UQAM et Romain Crouton, JAF de France-Canada
Comment le programme des JAF a-t-il contribué à votre développement personnel et professionnel ? Comment envisagez-vous votre avenir après votre expérience en tant que Jeune Ambassadeur francophone de France-Canada et votre séjour au Canada ?
Le programme m’a permis aussi de rencontrer d’autres acteurs sociaux engagés au Canada et dans les Amériques, en dehors de la sphère québécoise que je connais davantage. Je pense notamment aux initiatives d’Hugo Brethenoux et de Fatima Nicole Sylla sur la francophonie linguistique et culturelle au Kazakhstan.
Pour ce qui est du futur, il reste à écrire. Des projets sont en préparation : un doctorat pour ma part, l’apprentissage de nouvelles langues étrangères. Une chose est sûre, la rentrée est là et les JAF sont encore plus actifs que jamais ! La langue nous permet de dialoguer et c’est par ce dialogue que s’ouvre de nouvelles portes de connaissances. Aussi, après être revenu de plusieurs séjours en Europe centrale et Orientale, j’essaye de faire la promotion de cette région et de ses francophonies au Canada et particulièrement au Québec. Et inversement lorsque je suis en Europe centrale et orientale, notamment en Bulgarie, je me fais le promoteur de la culture québécoise, franco-canadienne. être un JAF, c’est être un francophone engagé, un passeur de culture.
Comment avez-vous préparé votre expatriation au Canada avant votre départ ?
Je suis habitué à voyager, plutôt en Europe. Toutefois, partir sur le continent Américain est une autre paire de manches. Je m’étais intéressé à la culture québécoise lorsque j’ai réalisé un mémoire sur les relations entre la Vendée et le Québec depuis le XVIIe siècle à nos jours. C’est d’abordà travers les livres que j’ai découvert le Québec et que j’ai eu le goût de m’aventurer et de m’y expatrier.
Quels sont les défis auxquels vous avez été confronté en tant qu'expatrié et comment les avez-vous surmontés ?
J’ai pu saisir ce qui distingue l’Europe de l’Amérique. Ces différences culturelles entre un continent et un autre font la beauté et la diversité de notre monde. L’expatriation est toujours une expérience qui t’amène à te requestionner sur ta propre identité, tes normes, ta vision du monde et davantage encore lorsque ce sont deux peuples qui partagent la même langue, le français. Il est ainsi plus facile de saisir les différences et d’ embrasser sa culture d’accueil. En s’intégrant dans une société, mon identité change et peut-être se québécise. J’aime à dire qu’une mon cœur s’est empli d’un mélange de voyages et de rencontres.
Quels conseils donneriez-vous aux nouveaux arrivants ?
S’intégrer à sa culture d’accueil, comprendre les spécificités culturelles, linguistiques, culinaires du territoire dans lequel on arrive. Car c’est ce territoire et cette société qui par son histoire et son ancrage a formé ses normes, son patrimoine matériel et immatériel. un adage que mon grand-père ne cessait de me répéter : « À Rome, fais comme les Romains » ! Ce qui est gratifiant et enrichissant, c’est l’adaptation et le dialogue intérieur entre notre culture et celle de la terre d’accueil. C’est cela qui nous élève et qui nous amène à nous comprendre nous-même.